L’artiste
Vie et formation
Au départ je me sentais très orienté vers les arts graphiques. Pensionnaire dans un collège lointain, coincé les week-ends, je barbouillais mes dessins au doigt, à la plume et à l’encrier. Et puis un vieux bonhomme de passage s’est penché pour me conseiller. C’était Haffner, un des grands peintres du Musée de la Marine des années 30 à 50, comme Marin-Marie. Cependant cette voie m’était interdite. Le milieu familial très traditionnel exigeait de valoriser les acquis Grandes Ecoles. L’art, c’est très important ; mais c’est pour se faire plaisir ; on le fait en parallèle, discrètement. Je m’intéressais particulièrement à la marine. Les beaux voiliers anciens. J’ai commencé à voir les antiquaires.
La vie professionnelle compte beaucoup. J’ai été servi. Grandes directions en grandes entreprises. Une direction générale à New-York pendant cinq années. Les points marquants sont au départ la formation marketing chez le plus grand annonceur mondial. Ensuite l’accumulation en outils management tous domaines, surtout chez les grands consultants. Enfin dès 1975 une acquisition en technologies auprès de grands comptes-clients. Expertises pointues en organisation, anticipation-concurrences, Bases de données, ordonnancement, créativité, etc… Et là on voit poindre une idée : transposer ces avancées en art. Mes contrats m’envoyaient dans le vaste monde. J’en profitais pour rendre visite à tous les musées, surtout ceux portant sur le XVIIIème siècle et la marine. Jusqu’à par exemple le musée de la marine d’ Aukland en Nouvelle-Zélande…
Comment je suis devenu peintre
Et voilà comment je suis progressivement devenu peintre sans même m’en être aperçu. Je peignais pour moi-même. Cependant des rencontres dans le monde des très grands antiquaires m’ont d’abord servi de formation pratique à l’histoire de l’art, puis conduit vers des recherches pour eux de reconstitution des Salons de peinture du XVIIIème siècle. Et de là aux peintres du second cercle ; ceux qui travaillaient pour les très grands, trop occupés à la Cour. Découverte de grands talents surtout quand ils travaillaient pour eux-mêmes. J’ai pu acheter de belles œuvres. Et j’ai commencé à marier mes dessins et cet axe. De fil en aiguille mes amis antiquaires m’ont pris mes dessins en échange de leurs informations professionnelles. Je venais un jour d’acheter un magnifique tableau inconnu de Joseph Vernet (1714-1789) ; frappé par son ciel et la qualité de ses lointains je me suis promis d’obtenir les mêmes résultats. C’est faisable, surtout si on a l’œuvre sous ses yeux en permanence.
En réalité je devenais assez bon pour qu’à l’inventaire des biens d’un très grand du business à New-York, cet ami raconte un jour comment un expert lui avait attribué à un grand nom du XVIIIème deux de mes aquarelles dûment encadrées d’époque dont je lui avais fait cadeau.
D’années en années j’ai rejoint d’autres peintres en ateliers associatifs (Versailles). J’ai d’abord peint des centaines d’aquarelles, en progressant en créativité, en technique, en poésie, en thèmes (marines, paysages, vues urbaines). Puis en huile ; et là les temps de séchage devenaient un obstacle important même pour un acteur sans impératif économique.
Mes objectifs
Un moment est venu où, dégagé des obligations professionnelles, j’ai été amené à une réflexion d’orientation plus affirmée. Il m’était évident que l’art contemporain allait vers une crise de viduité. Les modernes allaient de plus en plus d’un modèle orienté abstrait très décoratif vers un « conceptuel » de plus en plus vide sinon simplement provocateur. A la condition qu’il soit possible de les produire en très peu de temps. Nos guides professionnels en ateliers associatifs étaient tentés par un retour à la qualité ancienne, mais très exigeant en termes de temps de réalisation. Ils me paraissaient très peu avertis sur les mondes parallèles de l’industrie et de la technologie.
Quels pouvaient être mes objectifs nouveaux ? J’avais déjà avancé sur une proposition d’un nouveau genre, ni impressionniste, ni moderne, et progressé jusqu’à avoir réalisé de nombreux tableaux très différents, basés sur des ressources complètement différentes.
Je ne participais qu’à très peu d’expositions, investissant mon temps à la recherche de qualité. Je n’avais exposé qu’à Manhattan à la célèbre galerie Kennedy (Madison avenue). Les expositions de peintres non-professionnels en Mairies locales m’apportaient un surcroît de commentaires positifs encourageants : « singularité, provocation d’émotions positives ». J’écoutais aussi mes amis américains (galeristes ou amateurs). Il me fallait donc aller vers cette reconnaissance, rencontrer des décideurs et des amateurs. Tout ce qui peut m’apporter des encouragements utiles pour me renforcer dans ces recherches. Je me dois cependant de rester humble sur ces recherches en toutes circonstances.